Malgré les nombreux lauriers glanés lors des compétitions internationales, le judo camerounais ne bénéficie toujours pas de la même attention que les autres sports, auprès des pouvoirs publics et de l’opinion.
Bernadin Tsala est médaillé d’or de l’Open International de Yaoundé édition 2019 et médaillé d’argent des –60 kg au dernier championnat d’Afrique de judo. Comme chaque lundi matin, il est déjà à l’esplanade du stade Omnisports à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Les biceps gonflés, le torse imposant sous son kimono blanc, il s'entraîne en solitaire, enchaînant pompes, tractions et abdos. Puis, place au « Tendoku-renshiu », exercice qui consiste à répéter seul des techniques.
L’athlète de 25 ans suit le protocole d’entraînement que la Direction Technique Nationale de la Fédération lui a envoyé. En effet, c’est sa seule façon de garder la forme. Tous les dojos et gymnases sont fermés à cause de la crise sanitaire. Cela dure depuis deux mois et la motivation commence à manquer. « Le judo c’est un sport de contact, dit-il. J’ai besoin de partenaires pour juger mon niveau et travailler mes points faibles. Je risque de perdre certains réflexes si la crise sanitaire persiste ».
Pourtant, le président de la Fédération camerounaise de judo (Fécajudo) soutient qu'avant l’avènement du coronavirus, « le judo se portait déjà très bien au Cameroun ». Alain Kingue explique: « Nous avons mis sur pied des protocoles qui nous permettent d’avoir la maîtrise de la gestion administrative et des échanges institutionnels avec tous nos partenaires », explique). Il ajoute: « Sur le plan sportif, nous avons un calendrier respecté à la lettre ; les activités sont réalisées à plus de 90% chaque saison ».
Les judokas camerounais (dames et messieurs) participent chaque année à deux types d’activités : les compétitions internationales (championnats africains, Open et mondiaux) et les compétitions nationales. Ces dernières englobent les minimes, cadets, junior et senior ; les animations pour les vétérans, le passage de ceintures noires.
« Nous avons fait un bond quantitatif et qualitatif. Avant, le Cameroun se contentait de participer avec 3 ou 4 athlètes, mais désormais nous avons une vingtaine d’athlètes à chaque championnat d’Afrique. Et nous avons régulièrement des athlètes sur les podiums», explique le patron du judo camerounais.
Illustration ? Au cours de la seule année 2019, les judokas camerounais ont remporté au total 5 médailles d’or, 5 en argent et 10 en bronze toutes compétitions internationales confondues. La même année, ils ont gagné 2 médailles d'or, 2 en argent et 11 en bronze sur le continent. Entre 2013 et 2020, la Fédération est passée de 13 clubs affiliés à 50, et de 200 licenciés à 1 300, pour 690 ceintures noires, dont 78 dames et 612 messieurs.
Cependant, tout n’est pas rose dans le processus de développement du judo au Cameroun. La discipline ne bénéficie toujours pas de la même attention que d’autres sports comme le football, auprès des pouvoirs publics et de l’opinion. Le judo est confronté à une difficulté majeure, liée aux financements de ses activités. « Sur le plan national, nous travaillons avec les différents apports des membres de la Fédération, les frais de licence et d'affiliation des clubs », confie le président de la Fédération.
Une autre difficulté est liée à la formation des cadres. Du coup, les défis sont énormes. Pour la Fédération, il faut trouver des sources de financement pérennes. Et mettre l’accent sur la formation des cadres et le développement du haut niveau. Alain Kingue évoque aussi le projet de professionnalisation du métier d’entraîneur. Egalement, la construction d’un grand dojo national, en cours de réalisation avec le concours de l'ambassade du Japon au Cameroun.
Kigoum WANDJI
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