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Violences sexuelles dans le sport : «beaucoup acceptent la situation face à la dureté de la vie»

Dans le milieu du sport - les scandales liés aux violences sexuelles prennent de plus en plus d’ampleur. Au-delà du préjudice subi - les victimes peinent toujours à en parler et à être protégées. Une omerta entretenue par de hauts cadres de l’establishment sportif. Mais - les langues commencent peu à peu à se délier. Au Cameroun et en Guinée équatoriale - Sport News Africa vous plonge dans cet univers très fermé. Enquête. De notre correspondant au Cameroun

Au cœur de la capitale camerounaise. Au quartier Administratif. Un terrain de football improvisé. C’est ici que se trouve la première maison construite à Yaoundé entre 1885 et 1889. C’est aussi là qu'on a construit le premier stade de football, le Stade Nicole. Une dizaine de jeunes s’entraînent avec acharnement, dans l’espoir de devenir, qui sait, un Samuel Eto’o, ou encore un Roger Milla. Mais, le chemin pour y parvenir est parfois plein d’embûches. «Je sais que c’est très difficile. On me raconte beaucoup de choses bizarres et des pratiques pas très catholiques dans le football. Mais moi je suis un chrétien et je crois en la puissance de Dieu», explique Charles Azebaze, un jeune footballeur amateur de Yaoundé. Charles, est enthousiaste. Il a foi en l’avenir. Pour lui, pour lutter contre les violences sexuelles dans le milieu sportif, «il faudrait un document à valeur juridique signé entre les sportifs et leurs encadreurs et ou responsables et dans lequel chacun s’engagerait à éviter ce genre de situation. Ça pourrait être un début de solution pour éviter ces pratiques.»

Menaces et chantage

A quelques centaines de kilomètres de là, à Malabo, au quartier Santa Maria 3, au sud de la capitale équato-guinéenne. Une jeune volleyeuse qui a requis l’anonymat, raconte : «La première fois que mon coach a abusé de moi, il m’a dit que si j’en parlais à quelqu’un, il s’en prendrait aux membres de ma famille». Et que : «C’est la voie incontournable pour devenir une bonne volleyeuse. En fonction de ses humeurs, parfois il se servait de sa bouche sur mon sexe». Une situation embarrassante selon le sociologue Claude Abe, enseignant à l’Université catholique d’Afrique centrale de Yaoundé. «Il faut toutefois savoir que ces sportifs vivent dans la précarité. Ils sont piégés. Les entraîneurs usent donc de la ressource qui est à leur disposition, c’est à dire leur capital pour le mettre à profit. Même si cela est malsain. Ils se présentent comme étant des philanthropes, des bienfaiteurs. Et qui finalement, abusent de ces pauvres filles et garçons qui ne rêvent que d’un avenir prometteur. La situation du Cameroun semble tout de même criarde quand on y regarde bien. Un pays qui n’arrive pas à construire un nœud de sécurité autour de ses adolescents.»

Des enquêtes qui n'aboutissent jamais

Pour le sociologue, il faudrait «permettre un certain nombre d’initiatives, en mettant des mesures qui permettent tout au moins de relativiser la situation même si ça ne peut pas endiguer le phénomène». Il dénonce une culture du risque : «Les rapports dans cet espace-là, sont parfois dus à l’incapacité d’initier une vraie négociation avec leur bourreau. Vous comprenez en réalité que beaucoup acceptent la situation face à la dureté de la vie et de l’impossibilité à résoudre les problèmes sociaux. C’est un choix de survie. Et c’est comme cela qu’ils se retrouvent dans ces circuits-là. C’est un malaise social.»

Au Cameroun et en Guinée Equatoriale, plusieurs plaintes ont été déposées. Des enquêtes ont été ouvertes, mais sans suite. Des auditions de responsables sportifs par la police ? Sans plus d'effets. Mais, à travers les témoignages recueillis, il ressort que les sportives sont davantage victimes de viol, de harcèlement sexuel et même de chantages. Lors de la CAN Féminine 2012, la footballeuse équato-guinéenne Anissa* a été invitée dans un hôtel par un cadre de sa délégation. «Il m’a demandé de monter dans sa chambre. Quand je suis arrivée, il n’était qu’en sous-vêtement. Il s’est mis à me faire des promesses. Il a dit qu'il ferait de moi une grande championne et qu'il allait m’emmener à la Coupe du monde», déclare-t-elle. C’est aussi le cas d’Annick Michèle Donkap, handballeuse camerounaise qui affirme que : «Marie Ngo Simb (entraîneuse de l'équipe nationale féminine, ndlr) avait l’habitude d’attouchements injustifiables. Toucher et caresser les fesses des athlètes. Elle palpait très souvent les seins des filles sans explication.»

«J'avais peur que mon père le sache»

Anissa a été victime d'un premier viol à l'âge de 18 ans. «C’étaient des organisateurs d'un championnat inter-quartiers, sponsorisé par la Fédération équato-guinéenne de football», auquel la jeune fille prenait part. Ces souvenirs douloureux, la jeune aujourd’hui trentenaire, les évoque difficilement, même si elle a décidé de briser le silence pour sensibiliser le grand public sur ce fléau. Anissa a trouvé le courage aujourd'hui de se raconter. «Quitte à endurer d'autres types de violences, si cela peut aider à prendre conscience de l’ampleur des viols dans le sport et des ravages qu'ils font», explique-t-elle. Anissa a porté plainte, mais à ce jour, cette jeune femme n'a jamais obtenu justice pour toutes ces violences à son encontre. «J'avais peur que mon père le sache, j’avais peur. Dans ma famille, on disait que je faisais les choses des prostituées en participant à des sélections des équipes féminines de football.»

Le silence, unique refuge pour les victimes

«J'ai reçu plus de reproches que de soutiens. A part ma mère et mes frères qui m'ont soutenue, je n'ai récolté que des reproches», confie Anissa. Mais cette loi du silence est aussi un obstacle. Dans une publication du bureau du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) au Cameroun, le 25 janvier 2016, on voit que «55% de femmes sont victimes de viol ou d'agression sexuelle dès l'âge de 15 ans». Et Anissa, de se désoler : «En plus de mon traumatisme, je dois porter le poids d'une culpabilité que la société fait peser sur moi. Beaucoup de familles ont honte de parler du viol car elles estiment que cela les souille.»

Selon Cécile Mandeng, responsable de la communication de la police nationale camerounaise, «il faut pouvoir appuyer les dénonciations avec des indices, un certificat médical, des témoignages». Les violences sexuelles, sont donc punies par la loi au Cameroun tout comme en Guinée équatoriale. Les peines vont de cinq à dix ans de prison. Et pour cela, les procureurs demandent la présentation d'un certificat médical. Mais, selon Cathy Aba Fouda, membre du Réseau National des Tantines (Renata) qui réunit plus de 15 000 membres et plus de 300 associations, «il est très rare qu'une victime aille directement à l'hôpital après un viol. On a très peu cette culture et on communique peu dessus», regrette-t-elle. «Il faut que les sportifs comprennent que ces violences sexuelles vont créer des dysfonctionnements pour leur santé mentale et physique», poursuit-t-elle.

Un signal fort

En 2020, un scandale sur fond de violences sexuelles a éclaboussé la Fédération camerounaise de karaté. L’Union des fédérations africaines de karaté (Ufak) n’était pas restée indifférente face à ce scandale. Le président d’alors Emmanuel Wakam a été radié à vie, ainsi que plusieurs autres membres de son bureau. Un signal fort dans un milieu où règne la loi du silence. A l’instar de cette récente affaire, près de 20 fédérations sportives camerounaises, sont concernées par des scandales de violences physiques, psychologiques et sexuelles, sur des sportifs et qui touchent à 90% des victimes mineures, dont 78% de femmes, selon le FNUAP. Le temps de l’omerta est désormais révolu. Il ne sera donc plus surprenant de voir des victimes monter au créneau pour dénoncer leurs bourreaux. Ces faits en Guinée équatoriale et au Cameroun sont loin d’être des phénomènes à part. Les deux pays ne sortent pas reluisants après ces scandales. Mais, le plus important est de rendre justice aux victimes. Car ce sont celles-là qui sont souvent à la merci des prédateurs qui se convainquent d’être au-dessus des lois.

* Nom d'emprunt

Fabien ESSIANE

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