Le Mali - seul des dix barragistes à n’avoir jamais disputé de Coupe du monde - n’est plus qu’à deux matches d’une première participation. A l’issue d’un second tour qualificatif quasi parfait (5 victoires - 1 nul) - Mohamed Magassouba (63 ans) - le sélectionneur des Aigles - a pris le temps d’en faire le bilan - de parler de son projet de jeu et de se projeter sur la CAN et les barrages. De notre correspondant en France
Nommé en 2017 sur le banc de la sélection du Mali, en remplacement d’Alain Giresse, Mohamed Magassouba a qualifié son équipe pour les deux dernières CAN et pour les barrages de la Coupe du Monde 2022. Le technicien est resté quelques jours au Maroc, après la victoire des Aigles face à l’Ouganda (1-0 à Agadir, le 14 novembre). Avant de rejoindre Bamako, il a répondu aux nombreuses questions de Sport News Africa.
Sport News Africa : Cette qualification pour les barrages prend-elle une dimension particulière en raison de l’obligation faite au Mali de jouer ses matches à domicile à Agadir (Maroc), en raison de la non-homologation du stade du 26-Mars de Bamako ?
Mohamed Magassouba : Nous avons joué tous nos matches à domicile à Agadir, sur terrain neutre et sans public, puisque nous ne pouvions pas recevoir à Bamako. Et obtenir une qualification dans ces conditions évidemment compliquées, c’est une vraie satisfaction. D’autant plus que nous présentons un très bon bilan, avec 5 victoires et un nul ; 11 buts marqués et aucun encaissé. Le Mali est la seule équipe, toutes confédérations confondues, à avoir conservé sa cage inviolée. Oui, c’est une belle performance, obtenue face à de bons adversaires, lesquels pouvaient jouer chez eux. J’espère vraiment que pour le match de barrage, en mars prochain, nous aurons l’autorisation de jouer à Bamako, devant notre public, et sur une pelouse de qualité où nous pourrons développer notre jeu.
Le Mali a marqué 11 buts, n’en a encaissé aucun…
(Il coupe) Il faut se souvenir qu’il y a encore trois ou quatre ans, le Mali encaissait trop de buts, et ne marquait pas assez. Quand j’ai été nommé, j’ai voulu mettre en place un projet de jeu. Partout où je suis passé, j’ai voulu que mes équipes produisent du jeu. Mais cela n’est possible qu’avec une vraie solidité défensive. Nous avons donc commencé par travailler cela, puis on a pensé à l’organisation de notre jeu et à la question de la finition. Les occasions, on savait se les créer, mais il y avait un problème d’efficacité. J’avais confiance, je savais que nous allions y arriver.
Le match nul à Entebbe, face à l’Ouganda le 5 septembre dernier (0-0), a-t-il constitué un tournant lors de ces qualifications ?
Oui. Nous venions de battre le Rwanda à Agadir (1-0), et ce déplacement en Ouganda, face à notre principal adversaire, était très important. Mais nous n’avons pas pu le préparer convenablement : il y a eu de gros problèmes d’organisation de notre voyage. Nous sommes arrivés tardivement sur place, sans pouvoir nous entraîner correctement ni reconnaître la pelouse. Ce match, disputé sous une forte pluie, on voulait le gagner. Mais on a obtenu un point contre une équipe qui perd très peu chez elle, et ce résultat a apporté un peu plus de confiance au groupe.
Vous parlez d’ailleurs régulièrement de la solidarité qui existe dans votre groupe…
C’est vrai. Il n’y a pas de stars dans mon équipe. Regardez les effectifs des autres barragistes, et vous trouverez dans beaucoup de sélections des noms ronflants. Le Mali peut s’appuyer sur de très bons joueurs, dont certains évoluent dans les meilleurs championnats européens ou disputent la Ligue des Champions, comme Adama Traoré avec le Shériff Tiraspol (Moldavie), et qui ont l’expérience du haut niveau. Nous misons sur l’état d’esprit : chacun joue pour l’autre et pour l’équipe. Sur la solidarité, bien sûr. Mais aussi, comme je vous l’ai dit, sur le jeu. A partir du moment où la base défensive est solide, on peut plus facilement mettre en place son projet.
Vous évoquiez aussi l’efficacité. Avez-vous trouvé, avec Ibrahima Koné (Sarpsborg 08, Norvège), le buteur qui manquait aux Aigles ?
De bons attaquants, nous en avons. Koné a été appelé en septembre, pour les deux premiers matches. En octobre, il a brillé lors des deux matches face au Kenya (5-0, 1-0), en inscrivant au total 4 buts. Et il a de nouveau marqué au Rwanda (3-0). Nous avions ce problème de finition. Koné a marqué des buts importants, son apport est forcément très intéressant, mais d’autres joueurs ont montré qu’ils pouvaient aussi être décisifs. J’en reviens à l’état d’esprit, qui est essentiel. Je veux que le Mali soit à la fois une équipe joueuse et difficile à manœuvrer.
Vous êtes le sélectionneur des Aigles depuis désormais quatre ans. Cette stabilité technique est-elle essentielle dans la mise en place d’un projet de jeu ?
Bien sûr. On me laisse travailler, j’ai les mains libres, car la Fédération et les joueurs notamment adhèrent à mon projet. Et c’est important de travailler dans un climat de confiance. Il y a bien sûr de la pression, et il faut avoir des résultats. Et comme c’est le cas actuellement, on peut encore s’améliorer, car les résultats apportent de la confiance.
Le Mali n’est plus qu’à deux matches d’une phase finale de Coupe du monde. Attendez-vous avec impatience le tirage au sort, le 18 décembre ?
Nous affronterons une grosse équipe, c’est une certitude. Nous avons une ambition, qui n’est à mes yeux pas démesurée, nous qualifier pour la Coupe du monde pour la première fois de l’histoire du pays. Nous voulons aller au bout de notre rêve. Nous ne surestimons personne, nous ne sous-estimons personne. Il y aura deux matches à disputer, et je crois que le Mali a prouvé qu’il était capable de rivaliser avec beaucoup d’équipes. Mais l’objectif à court terme, c’est la Coupe d’Afrique des nations, en janvier prochain au Cameroun.
Le Mali affrontera au premier tour de la CAN 2021 la Tunisie, la Gambie et la Mauritanie. Dans ce groupe, Tunisiens et Maliens font figure de favoris…
Nous irons au Cameroun avec de l’ambition, mais aussi avec humilité. Nous devons nous attendre à des matches compliqués. Le premier objectif, c’est de sortir de ce groupe. Nous avons un mois et demi pour préparer cette CAN. Pour l’instant, nous travaillons sur le programme de préparation, c’est-à-dire le stage et les matches amicaux. D’ici au 10 ou au 12 décembre, tout devrait être prêt.
Alexis BILLEBAULT
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