L’équipe masculine du Sénégal prépare la coupe d’Afrique 2022 de Handball prévue au Maroc du 13 au 23 janvier prochains. Les Lions sont désormais entraînés par Frédéric Bougeant - ancien sélectionneur de la sélection féminine du Sénégal. Le technicien français a pour mission de hisser le Sénégal dans le gratin du handball masculin africain après avoir réussi à qualifier les Lionnes à deux finales de CAN et une coupe du monde. Il démarre son aventure avec les Lions - ce lundi 1er novembre - avec un stage d’une semaine en France.
Le Sénégal veut s’installer sur le devant de la scène africaine du handball masculin dans les prochaines années. Jusque-là loin des nations d’Afrique du nord, le Sénégal a un plan pour s’immiscer parmi les grandes puissances du handball continental. La fédération sénégalaise de handball (FSHB) et la direction technique nationale (DTN) ont en effet procédé à un changement à la tête des Lions avec la nomination de Frédéric Bougeant comme nouveau manager de l’équipe masculine.
Le technicien français de 46 ans est parvenu à hisser la sélection féminine du Sénégal à la place de dauphine de l’ogre Angolais. «Lorsque j’ai emmené Fred Bougeant à la tête de la sélection féminine, le Sénégal n’était pas parmi les 10 pays qui comptait dans l’échiquier du handball féminin en Afrique, rappelle le président de la FSHB, Seydou Diouf. Il est arrivé en octobre 2015 et en 2016 déjà à Luanda (Angola), le Sénégal avait produit un spectacle auquel les Africains ne s’attendaient pas et nous sommes arrivés jusqu’en finale de cette CAN où des questions administratives nous ont privés de la finale».
Alors capitaine de l’équipe nationale féminine, la double nationalité sportive franco-sénégalaise de Doungou Camara avait privé les Lionnes de la finale, suite au recours de la Tunisie, battue en ½ finale par le Sénégal. Bougeant qualifie toutefois les Lionnes en finale deux ans plus tard à la CAN 2018 au Congo. Elles feront trembler l’Angola pendant plus d’une mi-temps avant de s’effondrer face à l’expérience et la puissance des Palancas Negras.
Une place de finaliste qui envoie donc l’équipe nationale féminine du Sénégal pour la première Coupe du monde de son histoire. Ces résultats probants ont ainsi fini de convaincre le président Seydou Diouf de confier les rênes de l’équipe nationale masculine à Fred Bougeant, après sa démission en juin dernier de son poste de sélectionneur de la sélection féminine. «Nous voulons mettre l’équipe nationale masculine sur le devant de la scène du hand africain comme on a fait avec les filles» assure-t-il.
Désormais entraîneur dans le handball masculin avec son poste au club de JS Cherbourg Manche Handball (D2 France), Fred Bougeant a d’ailleurs lui-même proposé ses services à la FSHB pour gérer la sélection masculine du Sénégal. Une aubaine pour la fédération. «Lorsqu’on prenait Fred Bougeant (en 2015), il était entraîneur de l’équipe féminine de Fleury (France). Aujourd’hui il entraîne des garçons avec l’équipe de Cherbourg en Cotentin. Cet avantage qu’il a, c’est de croiser tous les jours dans les championnats de France, de jeunes joueurs sénégalais qui potentiellement peuvent rejoindre la sélection. Il va leur parler, leur présenter le projet» explique Seydou Diouf.
Une stratégie qui avait parfaitement fonctionné entre 2015 et 2021 avec les Lionnes qui ont enregistré des renforts de taille comme Hatadou Sacko, la gardienne de Nice (D1-France) ou encore la pivot de Chartres (France) Laura Kamdop. «C’est un entraîneur qui a su remettre un cadre organisationnel avec beaucoup de rigueur et d’anticipation parce que c’est cela aussi les clés de la performance» confie Seydou Diouf.
À deux mois de la CAN au Maroc, le mécanisme est déjà en branle avec un premier regroupement à Cherbourg en France du 1er au 6 novembre. «Ma conviction c’est qu’une sélection qui doit prendre part à une CAN ne devrait pas se préparer 10 jours avant la compétition. C’est pourquoi depuis 2015 avec le soutien du ministère des Sports, nous veillons à ce que chaque semaine internationale soit mise à profit pour regrouper nos joueurs. C’est ce que nous avons fait avec les filles» insiste le président Seydou Diouf.
Pour ces championnats d’Afrique au Maroc, les dirigeants sénégalais restent ambitieux même s’ils sont conscients de l’écart avec des nations comme la Tunisie, l’Égypte et l’Algérie. Mais la nouvelle configuration de la Coupe du monde masculine offre 5 places qualificatives à l’Afrique. Une donne qui fait saliver le président de la FSHB. «Il ne fallait pas réinventer la roue, il fallait trouver quelqu’un qui tout de suite pouvait s’adapter au contexte du pays. Et Fred (Bougeant), avec son vécu chez les filles, sa connaissance du Sénégal, peut s’adapter très rapidement dans le contexte masculin avec l’équipe nationale du Sénégal» soutient-il.
Afin de pérenniser ce développement du handball masculin, la DTN en collaboration avec l’équipe fédérale, prévoit la mise en place d’une sélection nationale locale avec des joueurs du cru. «Ça ne sert à rien si l’on veut se développer, de prendre des joueurs de l’équipe A pour les faire évoluer aux compétitions de zone ou aux Jeux Africains. Ces compétitions servent au développement et c’est l’occasion de faire éclore des talents qui évoluent sur le continent. C’est la nouvelle philosophie. Deux équipes nationales mais les meilleurs ici (en sélection locale) pourront intégrer la sélection A parce qu’aucune porte n’est fermée» révèle M. Diouf.
Pour sa 12e participation à la coupe d’Afrique masculine de handball, le Sénégal rêve de rééditer sa meilleure performance et la médaille de bronze glanée en 1974 lors de la première édition en Tunisie. Une 3e place qui lui offrirait une première qualification historique à la Coupe du monde de la discipline.
Moustapha M. SADIO
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