Quoi de plus fort que le sport pour se relever d’un passé douloureux ? Pour Paul Kagamé, président du Rwanda (ndlr : depuis 2000), la réponse semble claire. « Le sport a été une pièce essentielle de notre reconstruction, il a rétabli notre image. Il a une signification particulière (…). À travers la compétition, on retrouve les valeurs qui nous sont chères, comme l’humanité mais aussi la discipline et les moyens de vie de chacun (…) », a-t-il confié dans un large entretien sur le sport avec le quotidien français «L’Equipe».
En 1994, le Rwanda connait, en effet, l’un des pires moments de son histoire : un génocide perpétré par les Hutu sur les Tutsi. Cette tragédie cause la mort de près d’un million de personnes. Essentiellement du côté des Tutsi. Vingt-sept années plus tard, les Rwandais, sans pour autant oublier leur passé, sont désormais tournés vers leur avenir. Un avenir qui passe indubitablement aussi par le sport.
Selon l’homme fort du Rwanda, après le génocide, il n’a pas fallu forcer les populations à renouer avec le sport : « C’était un moyen d’oublier notre détresse et nos tourments, et de se remettre de notre histoire tragique, confie-t-il. Quand les gens ont voulu jouer au football, plus personne ne s’est posé la question de savoir qui étaient les parents d’un tel ou d’un tel, ou de quel clan, de quelle tribu il était issu. Tout le monde s’est retrouvé sur un pied d’égalité grâce au sport sans aucune discrimination. On a appris à avancer en équipe. Pour un match de football, il y a vingt-deux joueurs sur un terrain et des milliers de spectateurs qui les regardent. Il y a une sorte de communion entre tous. Et ça ne peut jamais être une perte de temps car le sport grandit un peuple.»
Le sport a ainsi été placé au cœur de la reconstruction du pays, avec notamment le cyclisme. Cette discipline très appréciée des Rwandais, s’est naturellement imposée au fil des années comme premier sport dans le pays. Le président sexagénaire explique : «Tout le monde a essayé d’apporter ses idées nouvelles après la tragédie. On s’est ainsi dit que les courses de vélo seraient mieux que des courses de voiture car le vélo était déjà bien ancré dans notre vie de tous les jours. C’est un des moyens de transport les plus répandus. On avait donc des cyclistes, mais il a fallu qu’ils apprennent à devenir des compétiteurs.»
Dans la montée de ce sport, il faut aussi souligner l’apport des Rwandais qui s’étaient exilés et qui, en revenant au pays, «ont voulu reproduire ce qu’ils avaient vu ailleurs». C'est le cas avec le cyclisme mais aussi avec des sports qu’on connaissait moins, comme le cricket. Un sport qu'ils ont découvert en Grande-Bretagne, fait savoir Paul Kagamé. Mais, selon ce grand fan d’Arsenal, le cyclisme s’est plus développé. Les Rwandais se sont identifiés à ce sport et il s’est développé dans toutes les régions du pays. Grâce aussi au Tour du Rwanda qui est maintenant connu hors des frontières.
Dans cet élan, le Rwanda est aujourd’hui en passe de devenir le premier pays africain à accueillir les Championnats du monde de cyclisme en 2025. Ce qui est déjà une «une grande fierté» pour tout un peuple et montre à quel point le pays a évolué entre 1994, année de la tragédie, et aujourd’hui.
Selon Paul Kagamé, quand les exilés reviennent au Rwanda, ils ont du mal à comprendre comment le pays a pu évoluer ainsi, vingt-sept ans après les événements. «Mais c’est encore plus marquant pour les gens qui viennent ici pour la première fois et qui s’imaginent encore découvrir un pays détruit. Ils connaissent notre histoire mais ne retrouvent pas ce qu’ils avaient imaginé. Le sport a été une pièce essentielle de notre reconstruction, il a rétabli notre image» laisse entendre le président.
Sans avoir jamais été un grand compétiteur, Paul Kagamé est un passionné de sport. Son amour pour Arsenal n’est un secret pour personne. Mais le président s’intéresse de près aussi à la NBA. «Je suis surtout les Golden State Warriors alors qu’au début j’étais plutôt pour les Boston Celtics. J’ai beaucoup suivi Kevin Durant quand il était plus jeune et jouait à Oklahoma City Thunder et ensuite évidemment aux Warriors. Je n’ai pas eu l’occasion de faire du sport en compétition. Je l’ai pratiqué seulement quand j’étais à l’école et avec mon âge aujourd’hui c’est évidemment moins facile» affirme le président.
Jules DIA
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