Pour des raisons de sécurité, la fédé malgache ne souhaite pas déplacer sa sélection à Abidjan pour y affronter les Éléphants, le 12 novembre en qualifications de la CAN 2022. Mais la CAF dit niet, malgré les arguments de Nicolas Dupuis, le coach français des Baréa.
Pourquoi votre Fédé ne souhaite pas vous voir jouer à Abidjan?
C'est parce que depuis l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le 31 octobre dernier (Alassane Ouattara, le président sortant, a été réélu avec 94,28 % des voix, ndlr), il y a des violences notamment à Abidjan, où nous devons jouer. J’ai également lu que le convoi du Secrétaire général de la présidence avait été mitraillé. Dans ce contexte, il n’est pas facile de penser à un match de foot.
Que demande votre Fédé exactement?
Elle a envoyé un courrier à la Confédération Africaine de Football (CAF), afin de lui demander d’envisager soit un report de la rencontre à une date ultérieure. Elle pourrait alors se jouer à Abidjan quand toutes les conditions seront de nouveau réunies. Soit de faire jouer ce match de la troisième journée à Antananarivo. On peut également envisager la tenue de ce match en terrain neutre.
Partagez-vous ces idées?
Totalement. Je lis les journaux, je regarde Internet, et la situation en Côte d’Ivoire est inquiétante. J’avais déjà émis des doutes avant le scrutin, quand la situation était déjà très tendue. A Madagascar, outre la Fédé et moi-même, les supporters et le gouvernement font la même analyse. Il est trop dangereux d’envoyer notre équipe en Côte d’Ivoire actuellement. Car nous estimons que notre sécurité est en jeu.
Qu’en pensent les joueurs?
Je les ai eus au téléphone, pour la plupart. Ils ne veulent pas jouer à Abidjan. Psychologiquement, il y a de meilleures façons de préparer un match aussi important. Quand vous craignez pour votre sécurité, il est difficile de se concentrer exclusivement sur le jeu. Le match est prévu le 12 novembre, mais beaucoup de joueurs arriveront à partir du 9 novembre, en provenance d’Europe ou d’Asie. Je vais arriver le 8 novembre avec d’autres membres de la délégation et le seul joueur local que j’ai retenu. Cela veut dire qu’avant le match, on va passer trois à quatre jours sur place dans le contexte que vous connaissez.
«Ces deux matchs sont des bonus pour nous»
Sportivement, votre équipe, qui est en tête du groupe K avec six points en deux journées…
Ces deux matchs sont des bonus. La Côte d’Ivoire est supérieure à Madagascar. C’est une des meilleures sélections d’Afrique. Si on prend un point lors de cette double confrontation, si elle a lieu et dans quelles conditions, ce sera bien. Trois points, un exploit. Six, une chose extraordinaire qui voudrait dire que nous serions qualifiés. Nous avons quelques certitudes. Après notre bonne CAN en 2019 (quart de finale), nous débutons les éliminatoires de la CAN 2022 par des victoires contre l’Éthiopie chez nous (1-0), puis au Niger (6-2). On gagne en confiance, en solidité, mais on reste humbles…
Votre équipe pourrait être qualifiée après cette double confrontation. Y pensez-vous?
Oui, mais nous savons que ce sera difficile contre la Côte d’Ivoire. Notre objectif est de nous qualifier pour la prochaine CAN. Nous avons pris un bon départ, il y a de l’optimisme, mais attention. On y verra plus clair après la quatrième journée. Il restera deux matchs à jouer, en Éthiopie et contre le Niger. J’ai un bon effectif. Des joueurs qui jouent ensemble depuis quelques années. Un groupe uni et ambitieux.
Au vu de la crise sanitaire, pensez-vous avoir tous vos joueurs pour ces deux matchs?
Je ne sais pas. La CAF et la FIFA se veulent rassurantes, mais est-ce que tous les joueurs pourront rejoindre normalement l’Afrique? Pour l’instant, tout est un peu flou… Ce n’est pas forcément idéal pour nous préparer…
Propos recueillis par Alexis Billebault
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