Exit Ahmad Ahmad. Patrice Motsepe devient le nouveau patron du foot africain. Le dirigeant sud-africain a été officialisé ce vendredi. Une nomination, fruit d’un consensus qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Quatre au départ, l’homme d’affaires se hisse au trône après le désistement des autres concurrents. Le Sénégalais Augustin Senghor, le Mauritanien Ahmed Yahya et l’Ivoirien Jacques Anouma jettent un à un l’éponge. La FIFA est passée par là.
Le pacte de Rabat concrétisé
Au nom de la cohésion de la famille du foot africain, les protagonistes s’évitent un combat qui aurait pu accentuer davantage la fracture d’une instance déjà en lambeaux. Le protocole prend forme à Rabat lors d’une réunion entre les quatre dirigeants, sous l’œil « bienveillant » des émissaires de la FIFA. Il est signé à Nouakchott, en Mauritanie, le 6 mars dernier, en marge de la finale de la CAN U20. Au grand bonheur du maître d’œuvre, Gianni Infantino.
Gianni Infantino entouré des quatre candidats à la présidence de la CAF pour valider pacte de Rabat à Nouakchott (Mauritanie).Le « pacte » est donc officialisé ce vendredi 12 mars 2021 lors de l’assemblée générale élective de la CAF à Rabat. Ainsi, Augustin Senghor et Ahmed Yahya deviennent premier et deuxième vice-présidents. Jacques Anouma, quant à lui, enfile le costume de conseiller spécial. « Une victoire pour l’Afrique », crient à l’unisson les acteurs du deal. Comme s’il fallait surfer sur la vague du compromis pour oublier la gestion calamiteuse du président sortant, Ahmad Ahmad. En effet, l’héritage laissé au nouveau patron de l’instance dirigeante du foot continental n’est pas des plus étincelants. Un cadeau empoisonné que le propriétaire des Mamelodi Sundowns tentera de désinfecter.
Du township de Soweto au trône de la CAF
Si Patrice Motsepe est parvenu à s’imposer, il le doit d'abord à son immense empire financier. Le milliardaire sud-africain fait fortune dans l’industrie minière. Son histoire ressemble à un conte de fées. Celle de ces enfants du ghetto qui parviennent à se hisser au sommet de la pyramide. Issu d’une famille relativement aisée, l’homme de 59 ans grandit dans le township de Soweto, à Johannesburg. Le niveau de vie de ses parents lui permet cependant de suivre un cursus privilégié dans des établissements privés catholiques. Mais rien ne semblait pourtant le destiner à une vie de « mineur ». C’est dans les arts qu’il commence en effet à tracer sa voie.
Ce n’est qu’après sa licence d’art qu’il s’intéresse vraiment au droit minier et au droit des affaires. Dans une Afrique Sud fortement ségrégationniste, il intègre, en 1988, le cabinet d’avocats Bowman Gilfillan. Cinq ans plus tard, après l’apartheid, il en devient le premier associé noir. Là commence véritablement sa fulgurante ascension sociale. Mais il bâtit son empire dans l’extraction minière avec la création de deux sociétés : Future Mining et African Rainbow Minerals Gold. Premier noir milliardaire d'Afrique du sud, Patrice Motsepe est aujourd’hui assis sur une fortune colossale estimée à 2,6 milliards de dollars. Ce qui en fait la dixième fortune continentale, la troisième d’Afrique du Sud, d’après le dernier classement Forbes.
Un solide carnet d’adresses
Ce n’est qu’en 2004 que le magnat des mines entre dans le monde du foot avec l’acquisition du prestigieux club des Mamelodi Sundowns. La formation de Pretoria jouissait déjà d’un grand respect sur le plan national, Motsepe réussit à en faire un géant continental. Sous sa houlette, les Sundowns remportent sept titres de champions, soit un de plus que durant les trois décennies (34 ans plus précisément) qui précèdent sa venue à la tête du club. Les Brésiliens touchent le Graal en 2016 avec le sacre en Ligue des Champions. Ils remportent aussi la Supercoupe de la CAF 2017. Suffisant pour renforcer la notoriété du dirigeant. Un parcours et un portefeuille qui fascinent Gianni Infantino.
Le président de la FIFA trouve en Patrice Motsepe l’homme idéal pour reprendre le flambeau. Les autres n’avaient, dès lors, aucune chance de passer. Avec le soutien de l’instance faîtière du foot mondial et la fortune de l’homme d’affaires, ils couraient droit à l’échec. Mais, maintenant qu’il hérite du fauteuil de président, le Sud-Africain va devoir prouver qu’il n’est pas une « marionnette » de la FIFA comme beaucoup le présentent. L’Afrique du foot compte surtout sur son solide carnet d’adresses pour reprendre son envol. C’est donc une nouvelle ère qui s’ouvre à la CAF. Mais les Africains n’oublient pas que c’est le même refrain qui accompagnait l’élection d’Ahmad en 2017. Tout le monde connait la suite de l’histoire.
Wahany Johnson SAMBOU
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